La résilience des écoquartiers

Conférence du 19 mai 2020 (Webinaire organisé par la Wilaya et l'Agence Urbaine de Marrakech) 


Au sujet de cette crise, on peut s’interroger sur ce que nous avons appris comme leçon, surtout, en tant qu’urbaniste. Quelles incidences sur la ville ? Est-ce que le modèle, de l'écoquartier, que nous avons proposé pour le quartier Unité 4 à Marrakech aurait été plus résilient ?  


Cette intervention aborde d'abord les avantages d'un écoquartier étayés par l'étude sur le quartier Unité 4. Ensuite, elle donne une idée sur l'importance de l’urbanisme tactique, un urbanisme d’urgence qui devrait nous permettre de sortir du confinement avec plus de sécurité. De surcroît, l’urbanisme tactique devrait être un champ d’expériences pour la ville durable.
 

Le quartier est une échelle intermédiaire appropriée pour établir un aménagement adéquat pour le développement durable. Il est l'espace urbain de la ville qui possède les dimensions adéquates pour exécuter les politiques et les actions de durabilité dans chacune de leurs composantes. En effet, le quartier développe le sentiment d'appartenance à la communauté. D'ailleurs, pendant le confinement, de nouvelles formes de solidarités sont apparues. Par exemple, les plus jeunes ont proposé leurs services aux plus âgés. Des paniers de denrées de première nécessité ont été distribués aux plus démunis.
Les quartiers sont devenus l’espace vital des riverains et leur horizon. On a constaté que la vie de quartier est devenue plus que jamais, la limite de notre vie sociale. D'autant plus que certains quartiers ont été complètement bloqués pour empêcher la propagation du virus. 
C’est à ce titre que le concept écoquartier encourage à travers l'espace de coexistence multifonctionnel, cette vie de quartier où chaque centre est mieux aménagé, mieux partagé et plus protégé. 




Dans un écoquartier, il faut renforcer les commerces de proximité, les espaces de promenade, permettre la souplesse et la multifonctionnalité des espaces publics avec la possibilité d'y aménager diverses activités socio-économiques supplémentaires (espace de détente, sport de quartier, jeux d’enfants, marché provisoire, atelier de dessins, théâtre à l’air libre…). C'est toute la vie du quartier qui est réorganisée et qui s'enrichit à travers ces échanges.
 A ce propos, il faut insister sur la participation citoyenne. Il est essentiel d’associer les habitants au devenir de leur quartier. Avec cela, on privilégie l’intelligence collective et le sentiment d'appartenance. 
Durant le confinement, un écoquartier qui bénéficie d'un espace vert de proximité à moins de 10 minutes à pied et d'un parc de plus de 1 ha à moins de 20 minutes à pied sera forcément plus résilient; Aussi, un espace public généreux permet aux habitants de faire face au confinement. 
En appliquant les principes de l’espace de coexistence multifonctionnel pour réaménager nos quartiers, ils deviennent des « zones de vie », tolérables et maîtrisables et par conséquent plus résilients. La rue devient espace public au service du piéton, et non de la voiture : les enfants peuvent jouer dans la rue, on peut prévoir d’autres aménagements, des espaces de jeux, des espaces verts, des équipements.



Cependant, organiser chaque quartier, c’est aussi organiser son accessibilité avec l’ensemble des services urbains et donc organiser la mobilité durable au niveau de la ville. Avec le confinement, les gens ont pris goût à une ville sans conflit avec l'automobile. N’oublions pas qu’au Maroc, la marche à pied représente le mode de déplacement de plus de 64% de nos trajets (plan de déplacement urbain, PDU). Souvent c’est par nécessité, car il n’existe pas d’autres possibilités. 
Mais que faisons-nous pour organiser et planifier cette mobilité douce ? 
Nous l’avons vu : au niveau de chaque quartier, il est important de donner la priorité au piéton pour que les petits trajets de moins de 2 km soient toujours réalisés à pied, dans de bonnes conditions, agréables et en sécurité, surtout pour nos enfants et nos personnes âgées ou à mobilité réduite. Ce sont les trajets pour les courses du quotidien. Mais ce sont aussi les trajets motorisés qui polluent le plus !
Ainsi on peut espérer des modifications de comportements qui devront être facilités par des aménagements. Pourquoi pas provisoire ? Avec le confinement, expérimentons l'urbanisme tactique qui met en place des "barrières" temporaires pour adapter rapidement l'espace public aux besoins des habitants durant cette crise. 
Ce sera l'occasion d'aménager nos quartiers, de lancer des petits chantiers en donnant des emplois aux plus précaires au niveau de leur quartier et c'est aussi l'occasion de renforcer les solidarités et le sentiment d'appartenance : enclencher la transition vers plus de durabilité. 



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