Low-tech, littéralement basse technologie, s'oppose-elle vraiment au High-tech ou sont-elles complémentaires? Pour répondre à cette question du développement durable, on peut se pencher sur la différence entre architecture bioclimatique et architecture solaire active.
En réalité, la
technologie Low ou High n'est que la moitié de la réponse. L'autre moitié, est une
évolution des comportements.
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| L'atelier d'artiste |
Or, justement, dans une architecture bioclimatique,
le comportement des habitants est essentiel pour le bon fonctionnement du bâtiment, notamment pour ouvrir ou fermer les volets, pour aérer au bon moment, mettre un pull, s'occuper de la végétation, préserver les fonctions et la disposition des espaces. Il s'agit donc de retrouver des habitudes et d'interagir en fonction du climat. Il s'agit également de comprendre comment fonctionne le bâtiment, à quel moment il devrait se réchauffer, quand le protéger du rayonnement solaire et comment il emmagasine la chaleur ou la fraîcheur pour en faire bénéficier ses occupants.
En effet, l'architecture bioclimatique utilise le solaire passif en optimisant l'enveloppe du bâtiment, (murs, ouvertures et toiture) comme moyen de gestion de l'énergie solaire reçue. Pour cela, une conception spatiale adaptée est indispensable pour profiter des éléments favorables du climat et écarter les éléments défavorables, mais aussi sa compréhension et sa gestion au quotidien.
Maison solaire passive, habitants actifs !
De plus, l'architecture bioclimatique est plus économe en énergie que l'architecture conventionnelle avec isolation qui utilise l'énergie fossile pour le chauffage ou même que l'architecture solaire active qui utilise des capteurs solaires ou des pompes à chaleur dont la durée de vie est souvent très inférieure à celle du bâtiment. Pour être exacte, la comparaison doit tenir compte de l'investissement, du coût d'entretien durant toute la vie du bâtiment mais aussi du coût de recyclage et des besoins en ressources non renouvelables pour la fabrication des matériaux de construction. Une conception bioclimatique est toujours plus économe. Elle devrait toujours être un préalable à toute architecture.
Se réapproprier une conception bioclimatique passive permet de consommer moins d'énergie durant toute la vie du bâtiment.
Un exemple simple, un atelier d'artiste.
Il s'agissait de rénover un ancien hangar de poulet en atelier d'artiste. Le programme est simple : une grande pièce d'environ 100 m² avec 4 m de hauteur sous plafond, bien éclairée. Le bâtiment est situé dans le nord du Maroc.
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| Hangar existant |
Actuellement, sa conception bioclimatique permet à son occupant de ne pas avoir de chauffage d'appoint. En hiver, la température intérieure ne descend jamais en dessous de 16° et ne monte jamais au dessus de 25° en été. L'emplacement d'un poêle a été prévu dans la conception du projet mais n'a jamais été installé. Comme c'est un espace de travail, une température minimale de 16 degré quelques jours par an ne pose pas de problème. De plus, les murs épais assurent un bon déphasage entre le jour et la nuit et préservent un décalage d'au moins 3 jours tempérés lors des pics de froid ou de chaleur.
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| Pour répondre au confort d'été, on se protège du rayonnement solaire, on refroidit l'espace naturellement par une bonne aération. |
Orientation et fonctionnement spatial.
L'atelier est adossé au nord contre des écuries qui jouent le rôle d'espace tampon. La façade Est est protégée par des arbres à feuilles caduques. La façade Sud comprend une grande baie vitrée et un mur Trombe de 60 cm d'épaisseur. Ce mur est réalisé en brique pleine de type massisso.
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| Pour répondre au confort de l'hiver, on capte le rayonnement solaire et on le stocke dans la masse. |
Utilisation de la végétation
La façade ouest est protégée toute l'année du soleil par une rangée d'eucalyptus existants. Pour renforcer le dispositif végétal, un figuier a été planté devant la façade Sud et de la vigne vierge devant les façades Sud et Ouest. L'atelier est éclairé par des fenêtres hautes à l'Est et par la grande baie vitrée au Sud. De plus, une petite fenêtre sur le mur Ouest permet une bonne ventilation en été. Le mur Nord est adossé à l'écurie.
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| Une utilisation raisonnée des végétaux vient compléter le dispositif |
L'inertie thermique des matériaux
Si le mur Sud est réalisé en brique pleine de 60 cm d'épaisseur, pour des raisons d'économie les murs Est et Ouest sont les murs existants en agglomérés doublé par une cloison intérieure en brique de 6T. Ils ont une épaisseur totale de 40 cm uniquement. En outre, le dallage en béton poli sur hérissonage améliore l'inertie thermique et donc diminue l'amplitude de température et assure un meilleur confort thermique avec l'ensemble des murs et de la toiture.
En ce qui concerne la toiture, elle est réalisée en pente pour s'harmoniser avec les autres locaux de la ferme. C'est une toiture traditionnelle constituée de poutres en rondin de bois d'eucalyptus, de cannes, d'une chape de chaux, de 20 cm de terre, et recouvertes de tuiles.
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| construction du mur sur la façade sud en brique massisso |
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| pose des cannes |
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| vue intérieure après la pose des cannes et de la charpente en rondin d'eucalyptus |
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| pose de la terre, mélange terre/ chaux/ paille sur la chape de chaux |
Le chantier a été réalisé avec un coût total de 150.000 Dh soit 1500 Dh/m². Nous sommes donc bien dans un chantier Low-tech, l'éloge de la simplicité, peu coûteux, avec des matériaux locaux, recyclables et une main d'oeuvre peu qualifiée. Mais c'est aussi une conception bioclimatique qui profite d'une bonne orientation et d'une bonne inertie thermique : qualités que devraient avoir tous bâtiments. Cette construction simple est une expérience concluante pour démontrer l’intérêt d'appliquer les principes de l'architecture bioclimatique à toute construction.
Pour aller plus loin
une rénovation
des enduits à la chaux
une isolation naturelle
isolation terre paille chaux
des enduits intérieurs
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