ENSAUVAGEONS, ou les limites de la biodiversité

Ensauvager la ville, laisser faire la nature, accepter la biodiversité. Pouvons-nous autoriser le milieu urbain à se regénérer librement? 

L'infrastructure verte d'une ville comprend comme élément essentiel le corridor biologique ou écologique. Il permet de connecter les écosystèmes et ainsi de faire que la ville ne soit plus un obstacle. La trame verte est constituée alors de ces espaces naturels et d'autres plus urbanisés, nos parcs urbains. La restauration de cette trame verte est essentielle pour la sauvegarde et la protection de nombreuses espèces menacées par la fragmentation de leur habitat.
" l’infrastructure verte s’entend comme un réseau constitué de zones naturelles et semi-naturelles, y compris des éléments environnementaux faisant l’objet d’une planification stratégique, conçu et géré aux fins de la production d’une large gamme de services écosystémiques, qui intègre des espaces verts (ou bleus en ce qui concerne les écosystèmes aquatiques) et d’autres éléments physiques dans les zones terrestres (y compris côtières) et marines en milieu rural ou urbain" (https://europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2020-0241_FR.pdf)

Un renard dans un jardin à Bruxelles

"Ensauvager n’est alors pas tant « rendre sauvage », que « rendre au sauvage » pour préserver l’habitabilité des territoires". (Philippe Benoit)
Cela fait référence à la biorégion ou un territoire que l'on réfléchit par rapport à sa géographie (Thierry Paquot). La ville se construit  en interrelation avec sa région, son paysage et son milieu naturel. Les bienfaits écosystémiques de la biodiversité acquièrent une valeur tant sur la réduction du réchauffement climatique, que sur l'équilibre environnemental de l'ensemble géographique. On instaure des échanges locaux, des circuits courts d'alimentation, une réflexion axée sur l'apport du local. L'équilibre est atteint grâce à la diversité et à la complexité des systèmes urbains et écologiques. 
Ainsi s'intègre la nature en ville! une nature plus diversifiée où l'on accepte de partager le territoire avec les espèces végétales et animales. 
Mais si la végétation est désormais reconnue pour le bien-être qu'elle apporte, comment accepter la nature sauvage en ville? 
Le citadin déclare apprécier la nature et réclame sa présence en ville. Mais il se plaint aussi régulièrement des désagréments des espaces moins entretenus. Pour les habitants, l’espace vert urbain est d’abord un espace de quiétude, récréatif, et sécurisé. Il veut les avantages sans les inconvénients. Il désire en fait une nature « sous contrôle ». La nature spontanée est perçue comme un espace négligé qui sera rapidement envahi de déchets.
Le chemin à parcourir est encore long. La nature en ville est plébiscitée, mais elle doit être propre, sans inconvénient, au risque de nier ses dynamiques. Ceci rend d’autant plus difficile l’adoption de pratiques plus écologiques. Actuellement elles sont le résultat d'un manque de gestion et d'entretien. Ce sont des espaces déchets (fleuve, bordure d'autoroute urbaine) . 
La ville est encore loin d'être considérée comme un écosystème cohérent et efficace. 
Dans ce contexte, la présence de la nature spontanée en ville semble compromise. La trame verte est paradoxalement remise en cause. Ceci laisse dès lors peu de place en ville pour une nature spontanée, «sauvage», celle qui «ne doit rien à l’Homme».






pour aller plus loin : 


https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/deux-sevres/niort/marie-monique-robin-le-meilleur-antidote-a-la-prochaine-pandemie-c-est-de-preserver-la-biodiversite-1937164.html



https://fr.blog.ecosia.org/la-nouvelle-mode-de-planter-des-arbres-a-tout-va-une-bonne-nouvelle/



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