POURQUOI LA BIODIVERSITÉ EN VILLE?

Si on comprend aisément l'intérêt des espaces verts comme équipement public pour leur côté relaxant et apaisant, il est plus difficile d'accepter des espaces naturels et donc "moins entretenus" en ville. Pourquoi la protection de la biodiversité des milieux dits naturels est largement plébiscitée, alors que celle de la ville est rarement évoquée ? Comment peut-on convaincre de son intérêt ?


Arboretum Robert Lenoir à Rendeux 
Robert Lenoir (1900-1989) et Lilian Legrand-Lenoir (1903-1993) ont planté pour les générations futures.
Ils nous recommandaient de planter au moins un arbre chacun par année. A méditer! 

4 raisons pour renforcer la biodiversité urbaine.

La première raison est que l'homme, au centre de l'écosystème urbain, profite de ses services. Il est lui-même composé de 10 fois plus de cellules non humaines (500.000 milliards) que de cellules humaines (50.000 milliards). De la qualité de l'écosystème urbain dépend la bonne santé de l'homme. La biodiversité urbaine assure des fonctions de régulation et d'approvisionnement  (agriculture urbaine, lutte contre les îlots de chaleur et les risques d’inondation, fixation de CO2, pollinisation, amélioration de la qualité de l’air, de l’eau et des sols). Elle rassemble diverses espèces qui développent un réseau de dépendances et d'échanges et qui ensemble sont bien plus résistantes. Par exemple, le sol enrichi par le compost et les bactéries profite à l'arbre. Les arbres diminuent l’îlot de chaleur et améliorent le confort thermique. etc  Sans ces interactions, la vie n'est pas possible ! 

Actuellement, les villes représentent environ 10% des terres émergées (40% de terres agricoles 30% de forêts, 0,6% de parcs naturels classés, source FAO) et 65% de la population mondiale. Même si la biodiversité est moins riche en ville que dans les sites dits "naturels ou sauvage", elle est parfois beaucoup plus importante que dans les territoires d'agriculture intensive en monoculture. 
Notons que les terres "sauvages" le sont restées car elles sont inexploitables et difficiles d'accès ! Les grandes réserves naturelles sont souvent des habitats « extrêmes », qui ont pu être protégés parce que n'intéressant ni l'industrie du bois, ni l'agriculture ou l'élevage. 

Par contre, les villes sont majoritairement situées sur les côtes. Aussi se développe une troisième raison de préserver la biodiversité. La ville ne peut pas être un obstacle. Reconnaître et accepter la biodiversité urbaine est une profonde évolution éthique. Au lieu de considérer la nature en ville, Il est essentiel d’inverser le regard, « de situer la ville dans la nature ». Préserver la biodiversité, c'est préserver une partie de la biodiversité de certaines régions. En effet, comme les territoires urbains sont de plus en plus vastes et que l’étalement urbain se fait parfois dans des zones riches en faunes et flores, préserver la biodiversité urbaine est potentiellement une manière de préserver certaines espèces. La préservation d’espaces dédiés à la biodiversité dans les villes permet à ces dernières de jouer des rôles de corridors pour la faune et la flore, continus ou discontinus pour des espèces susceptibles de traverser la ville depuis des populations périurbaines. 

Enfin, dernier argument. L'homme doit rester en contact avec la nature. La biodiversité urbaine est la nature quotidienne ou ordinaire.  La compréhension de cette nature est nécessaire à la survie de l'homme. Plus de nature en ville, doit nous permettre ainsi qu'à nos enfants de comprendre les circuits d'alimentation, (légumes, fruits et viandes), le cycle de l'eau, les relations et les équilibres entre les espèces vivantes de notre écosystème. Par exemple, nous décidons de l'aménagement et de la gestion des espaces de nature en ville. Suivant les modes de gestion, on peut passer du gazon à la prairie ou même à la forêt urbaine. Ce sont des milieux naturels différents. La forêt urbaine ou la prairie sont  plus riches en biodiversité que le gazon. Le gazon demande plus d'eau d'arrosage et d'entretien. Il faut apprendre à composer avec la biodiversité pour espérer un environnement vivable en ville.
"Prends tes leçons dans la nature, c'est là qu'est ton futur" Leonardo da Vinci
De la biodiversité dépend la qualité du milieu et de notre environnement. Le milieu urbain mérite de faire l'objet d'observations à l'instar des écosystèmes naturels.  On ne peut pas uniquement "verdir" le milieu urbain. Il est beaucoup plus efficace de lui permettre d'avoir un fonctionnement durable et de reconnaître son écosystème.

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