Le biomimétisme, source d'inspiration pour créer nos villes

Tirer son inspiration de la nature environnante : le biomimétisme, par la compréhension et l’imitation des systèmes vivants et en particulier des écosystèmes, est une occasion inédite pour repenser les Villes de demain. 

Le biomimétisme est une approche scientifique qui consiste à s'inspirer des grandes stratégies du vivant pour innover durablement. Il a pour but de proposer des réponses innovantes multicritères combinant notamment les aspects esthétique, fonctionnel, économique ainsi que les critères de durabilité. Une telle approche implique de ne pas commencer par tout détruire. L'environnement naturel doit être source d'inspiration. En urbanisme, il faut tenir compte de la topographie, de l’orientation, de l’air, du climat local, de la façon dont l’eau s’écoule… Mais aussi, si c’est le cas, de la manière dont l'environnement est habité par les humains et par la faune et la flore.   

En somme, la nature ne devrait plus être considérée comme un réservoir infini de ressources, mais comme un mentor, à écouter et à imiter. Elle nous offre une vision lucide, ni exagérément optimiste, ni trop pessimiste, sur le monde tel qu’il devrait être, en équilibre et en harmonie. 

Les études d'architecture et d'urbanisme auraient comme point de départ l'observation et la connaissance de la nature, l'influence du soleil, les effets du vent et l'exemplarité des systèmes mis au point par la faune et la flore pour s'adapter aux aléas climatiques de chaque région. A l'échelle de la ville, on planifierait des villes moins énergivores en utilisant la ventilation naturelle et le soleil à bon escient. La recherche contemporaine, qui combine les savoirs anciens et les nouvelles technologies, montre que les villes solaires passives représentent une option réaliste jusqu’à des densités de population étonnamment élevées. On peut donc imaginer beaucoup d'autres améliorations grâce au biomimétisme. Cela nécessiterait une planification plus élaborée. Il faudrait définir les hauteurs et les largeurs de rue en fonction des vents et de l'orientation. Les façades sud seraient plus hautes que celles au Nord. De nouvelles organisations fonctionnelles à l'échelle de la ville permettraient de profiter au maximum des apports solaires. Le plan d'urbanisme devrait étudier les ombres portées selon les saisons. Les vues devraient être préservées comme biens communs pour toute la collectivité. L'ouverture sur le paysage et l’horizon créent un lien au vivant et au rythme du cycle de la nature. La crise sanitaire nous a montré que nous en avons tous besoin et que nous en avons tous le droit. La nature ouvre ainsi sur une possible ville plus respectueuse de l’écologie et du monde sensible urbain. Elle crée un sentiment de sécurité et favorise des émotions positives et la créativité. Actuellement, au lieu de s'en rapprocher, on s'en éloigne. Or le "bon sens" voudrait qu'elle soit source d'inspiration.

Le biomimétisme appliqué à l'urbain devrait nous connecter à des formes et à des matériaux plus naturels. Il permettrait d’apporter des éléments architecturaux d’une grande cohérence : des matériaux locaux et l'utilisation de l'inertie de la terre qui reprendraient les mêmes couleurs que l'environnement naturel, des toitures végétalisées avec des plantes résistant au climat local, des patios permettant un apport de lumière, de ventilation et de fraicheur, de nombreux écrans solaires et porches qui protègent du soleil d’été et de la pluie, des systèmes de ventilation naturelle de type tour à vent ou autres, des éléments qui s'ouvrent et se ferment, etc. 

Le biomimétisme est progressivement reconnu comme une approche pertinente pour la conception de réponses aux besoins humains conciliant le contexte environnemental (éco- conception, protection de la biodiversité, etc.) et sociétal (ultra-urbanisation, augmentation de population, etc.). La phase des études devient alors beaucoup plus importante avec la mise en place de phases d'expérimentation et d'évaluation. Les architectes en tant que designer de la ville ont un rôle essentiel à jouer dans cette recherche.

Jusqu'à présent et on doit le déplorer, ceux qui ont utilisé le biomimétisme dans la construction restent des marginaux.

A ce sujet, on peut citer les recherches de l'architecte zimbabwéen Mike Pearce, et notamment son immeuble le Eastgate Center situé à Harare inspiré des termitières.

A Harare, capitale du Zimbabwe, ce centre d’affaires ne possède pas l’air conditionné. Inspiré des termitières, le bâtiment est autonome à 90% et 35% d’énergie en moins par rapport aux autres immeubles du pays. La température à l’intérieur du centre d’affaires ne dépasse pas les 27°C même pas forte chaleurs grâce à des petites cloisons ouvertes à l’extérieur du bâtiment qui comme les trous dans la termitière, permettent de réguler la température à l’intérieur de l’immeuble.


Dans les termitières, qui peuvent atteindre jusqu’à 9 mètres de haut, la température se maintient à 30°C même lorsqu’il fait 40°C dehors. Plutôt agréable. Pour y parvenir, les termites construisent leur habitat en laissant une multitude de petits trous qui permettent à l’air de circuler. L’air frais est alors stocké à l’intérieur et la chaleur est évacuée à l’extérieur. Le Eastgate Center est donc directement inspiré du génie des termites.  

 Pour aller plus loin 

https://biomimtismesite.wordpress.com/c-applications-a-partir-de-la-termitiere/

http://biomimetisme.eklablog.com/ventiler-et-isoler-grace-a-la-nature-c17270649https://www.ladn.eu/tendance/le-biomimetisme/boite-a-outils-le-biomimetisme-aujourdhui-et-demain/


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