REPENSER L’ÉCLAIRAGE URBAIN POUR ÉVITER LA POLLUTION LUMINEUSE

 S'il nous semble naturel d'éteindre la lumière dès que l'on quitte une pièce, pourquoi laisser l'éclairage urbain toute la nuit ? 

Sous prétexte de sécurité, la lumière urbaine est présente partout en ville : éclairage public, enseigne publicitaire, vitrine de magasins. 
Or, avant même de représenter un gaspillage énergétique et donc un surplus inutile de gaz à effet de serre, elle est synonyme de pollution, celle qui masque le ciel étoilé et par conséquent, qui met en danger les animaux nocturnes. D'ailleurs, écologues et médecins montrent les effets perturbateurs de la lumière artificielle sur les comportements et les rythmes biologiques. 

Carte de la pollution lumineuse en Europe.

Les premiers à nous alerter par ces impacts sur le ciel nocturne sont les astrologues qui ne peuvent plus observer le ciel étoilé. Les écologues, quant à eux, mettent en avant les coûts environnementaux de l’éclairage, montrant des écosystèmes fortement perturbés par la lumière artificielle. 
De nombreux effets sont observés sur la faune par les biologistes à plusieurs échelles. Ces effets relèvent essentiellement, à échelle fine, de mécanismes d’attraction et de répulsion par les sources lumineuses, ainsi que de perturbations, à échelle plus large, d’espèces désorientées par les halos lumineux. De nombreux troubles comportementaux sont également relevés sur les communautés et les écosystèmes à des échelles de temps variables, notamment au moment des migrations. Ainsi, l’éclairage urbain est une source de perturbations pour la biodiversité. Il modifie l’écosystème proie-prédateur, perturbe les cycles de reproduction et les migrations. 
Du point de vue de la santé humaine, la recherche médicale montre que l’alternance naturelle du jour et de la nuit est le premier donneur de temps pour l’horloge interne de l’Homme. Ce synchronisateur exogène régule la rythmicité circadienne de sécrétion de plusieurs hormones, notamment de la mélatonine. Une désynchronisation de sa sécrétion peut générer stress, fatigue, dégradation de la qualité du sommeil, irritabilité ou troubles de l’appétit. Enfin, la bonne qualité de la rythmicité circadienne de sécrétion de la mélatonine pourrait freiner l’apparition de certains cancers. 
De plus, la pollution atmosphérique de la ville est un facteur aggravant par les gouttes d’eau, les particules de poussières et les aérosols en suspension pour la diffusion de la lumière.
Pollution ou nuisance, l'éclairage des villes peut être facilement régulé par des installations avec rayonnement direct sur la zone à éclairer, en modulant la puissance et surtout en limitant la durée des éclairages non indispensables. Des réglementations apparaissent dans certains pays pour limiter les éclairages des enseignes de magasins. Mais elles sont encore très insuffisantes. Quand on voit que la crise sanitaire, les différents confinements et même les couvre-feux n'ont pas vu de modifications ou d'évolution de l'éclairage urbain alors que la transition énergétique devient une obligation européenne, on peut se demander quel sera l'évènement qui entrainera enfin un changement de paradigme.    
La réflexion devrait porter sur l'utilité même de certains luminaires. En effet, il est important de s’adapter aux besoins réels, de réduire l’intensité et d'ajuster l’orientation. De plus, il faudra probablement accepter que certaines rues ne soient plus éclairées. Et enfin pour éviter plus de perturbation sur la faune, il faut éviter la lumière bleue tout en utilisant des luminaires fonctionnant avec l'énergie renouvelable ou des lampes LED moins énergivores.
Dans l'ensemble, c'est une réflexion sur l'éclairage urbain qui doit être mise en place et qui participe à la fois à la lutte contre le réchauffement climatique et à l'amélioration de la biodiversité. 

L'île Niue devient la première nation désignée Sanctuaire international de ciel étoilé par l'International Dark-Sky Association (IDA)



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