Écovillages : Redéfinir l'Urbanisme Rural pour un Avenir Durable

Dans un monde où la durabilité est plus qu'un idéal, les écovillages émergent comme des modèles avant-gardistes pour un avenir durable. Ces communautés, conçues avec une conscience environnementale, économique et sociale, offrent plus qu'un habitat : elles proposent une nouvelle vision de la vie en communauté.

 

Le concept d'écovillage

Un écovillage est bien plus qu'un simple village vert. C'est une approche holistique qui intègre des pratiques durables dans tous les aspects de la vie quotidienne. De la construction de logements écologiques à la gestion des ressources, chaque élément est pensé pour minimiser l'impact environnemental, maximiser la qualité de vie et encourager les activités génératrice de revenus.
Cet article vise à explorer comment des villages traditionnels peuvent évoluer en écovillages, en mettant l'accent sur des exemples spécifiques dans des contextes ruraux et touristiques de montagne. Nous examinerons les politiques et les initiatives citoyennes qui facilitent cette transformation, offrant des insights précieux pour les professionnels de l'urbanisme et les décideurs politiques. Notre objectif est de comprendre comment l'action politique et citoyenne permet de hisser un village au statut d'écovillage, en repensant l'urbanisme comme un tout qui intègre une multitude d'avantages sociaux et économiques tout en préservant les ressources et protégeant l'environnement. En favorisant une communauté soudée, ils encouragent le partage des compétences et des ressources, réduisant ainsi les coûts et renforçant les liens sociaux. Économiquement, ils stimulent les économies locales en privilégiant les circuits courts et les produits de proximité.
Dans les sections suivantes, nous plongerons dans des études de cas d'écovillages réussis, analysant les stratégies et les politiques qui ont contribué à leur succès.

 Feldheim, Brandebourg : Un Modèle d'Autonomie Énergétique et de Cohésion Communautaire

Feldheim, un village pittoresque niché dans le Brandebourg, à une soixantaine de kilomètres de Berlin, incarne la transformation vers un avenir durable. Avec ses 150 habitants, ce village rural est devenu un emblème de la transition énergétique en Allemagne, prouvant qu'une petite communauté peut avoir un impact monumental.
Pionnier en matière d'autonomie énergétique, Feldheim a mis en place un parc éolien et une centrale biomasse innovante. Cette dernière, exploitant les déchets agricoles, fournit non seulement de l'électricité mais aussi du chauffage, illustrant une utilisation exemplaire des ressources locales. La création d'une coopérative énergétique par les habitants témoigne de leur engagement collectif, leur permettant de gérer et d'exploiter le réseau électrique local.

Les objectifs du développement durable sont atteints dans tous les domaines. Énergie : Feldheim est le premier village en Allemagne à être entièrement autonome en énergie. Il a investi dans un parc éolien et une centrale biomasse qui utilise des déchets agricoles pour produire de l'électricité et de la chaleur. Eau : Bien que le village n'ait pas de système d'eau innovant à grande échelle, l'accent est mis sur la conservation de l'eau et l'utilisation efficace des ressources. Logements : Les bâtiments à Feldheim sont conçus pour être écoénergétiques, avec une isolation adéquate et des systèmes de chauffage efficaces. Vie sociale : La coopérative énergétique a renforcé le sentiment d'appartenance à la communauté. Les résidents sont fiers de leurs réalisations et cela a renforcé les liens sociaux. Biodiversité : La transition vers l'énergie renouvelable a également eu un impact positif sur la biodiversité locale, avec moins de pollution et une meilleure qualité de l'air et de l'eau. Protection de l’environnement : En plus de la production d'énergie propre, Feldheim s'efforce de minimiser son empreinte carbone à travers diverses initiatives écologiques. Dynamisme associatif : La coopérative énergétique est un exemple du dynamisme associatif du village. D'autres associations locales se concentrent sur la préservation de la culture et de l'histoire de Feldheim. Équipements communautaires : Feldheim dispose d'équipements de base pour répondre aux besoins de ses résidents, y compris une école, une église et quelques commerces. Agriculture durable : L'agriculture joue un rôle crucial à Feldheim. Les fermes locales adoptent des méthodes durables, telles que la rotation des cultures et l'utilisation réduite de pesticides. Traitement des déchets : Feldheim s'efforce de réduire, de réutiliser et de recycler. La centrale biomasse est un exemple de la manière dont les déchets agricoles peuvent être utilisés de manière productive.
En Conclusion, Feldheim est un exemple inspirant de la manière dont une petite communauté peut adopter le développement durable à tous les niveaux. De l'autonomie énergétique à l'agriculture durable, Feldheim montre la voie à suivre pour d'autres communautés à travers le monde.

L'Écovillage de la Nation T'Sou-ke : Un Modèle de Durabilité en Colombie-Britannique

Au cœur de l'île de Vancouver, la Nation T'Sou-ke incarne une histoire de transformation et d'innovation. Cette communauté autochtone a récemment entrepris un voyage remarquable, se positionnant en avant-garde de l'utilisation de l'énergie solaire et de l'adoption de pratiques durables. Dans ce périple vers un avenir plus vert, la Nation T'Sou-ke a trouvé un allié de taille dans le Ministère de l'Environnement et du Changement Climatique de la Colombie-Britannique. Ce partenariat stratégique, renforcé par la Stratégie d'Énergie Propre de la province, a non seulement soutenu la communauté dans ses initiatives écologiques mais a également pavé la voie pour que la Nation T'Sou-ke devienne un modèle d'autonomie énergétique grâce à l'énergie solaire. Cette synergie entre la vision communautaire et le soutien gouvernemental illustre un exemple éloquent de la manière dont la collaboration peut engendrer un progrès durable et significatif.

Étapes de la planification au niveau communal :

1. Consultation communautaire : La première étape a été d'engager la communauté dans une série de consultations pour déterminer les priorités et les objectifs en matière de développement durable. 2. Évaluation des ressources : Une évaluation complète des ressources disponibles, notamment l'ensoleillement, le vent et les ressources hydrauliques, a été réalisée pour déterminer les meilleures sources d'énergie renouvelable pour la communauté. 3. Installation de panneaux solaires : Avec le soutien du gouvernement provincial, la T'Sou-ke Nation a installé des panneaux solaires sur les toits des bâtiments communautaires et des résidences privées. 4. Formation et éducation : Des programmes de formation ont été mis en place pour enseigner aux membres de la communauté comment installer et entretenir les systèmes solaires, créant ainsi des emplois locaux et renforçant les compétences au sein de la communauté. 5. Agriculture durable : En plus de l'énergie solaire, la T'Sou-ke Nation a également mis en œuvre des pratiques agricoles durables, notamment l'aquaculture et la culture de plantes médicinales traditionnelles. Grâce à ces efforts, la T'Sou-ke Nation est devenue un modèle pour d'autres communautés autochtones et non autochtones au Canada et dans le monde. Elle démontre comment la planification urbaine et les stratégies de développement durable peuvent transformer une communauté et la rendre plus résiliente face aux défis environnementaux et économiques.


Rapport d'urbanisme : ÉCOVILLAGE DE T'SOU-KE NATION

  • Situation : La T'Sou-ke Nation est située sur l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique, au Canada. Elle est nichée près de la côte, offrant un accès à la fois à des ressources terrestres et maritimes.
  • Population : Selon le Recensement de la population de 2021, la population de T'Sou-ke, une réserve indienne de la Colombie-Britannique, au Canada, était de 230 habitants en croissance de 2,2 % depuis 2016 . L'âge moyen de la population est de 42,6 ans. (Profile table, Census Profile, 2021 Census of Population - T'Sou-ke, Indian reserve (IRI) [Census subdivision], British Columbia (statcan.gc.ca))
  • Habitat : les habitations traditionnelles ont été complétées par des constructions modernes, intégrant des technologies vertes. Les bâtiments sont conçus pour être écoénergétiques, avec une forte utilisation de matériaux locaux.
  • Eau potable : L'eau est principalement obtenue à partir de sources locales, avec des systèmes de purification pour garantir sa potabilité. Des efforts sont faits pour conserver l'eau et réduire le gaspillage.
  • Assainissement : Des systèmes d'assainissement modernes ont été mis en place pour traiter les eaux usées, avec un accent sur la réutilisation et la réduction de la pollution. Énergie : La T'Sou-ke Nation est un leader en matière d'énergie solaire. De nombreux bâtiments sont équipés de panneaux solaires, et la communauté vise l'autonomie énergétique.
  • Gestion des déchets : Il existe des programmes de recyclage et de compostage pour réduire les déchets. La communauté s'efforce de suivre une philosophie de "zéro déchet".
  • Dynamisme associatif : La T'Sou-ke Nation possède plusieurs associations et groupes communautaires qui travaillent sur des projets allant de la préservation culturelle à la promotion de pratiques durables.
  • Protection de l'environnement : La protection des terres et des eaux traditionnelles est une priorité. Des zones sont désignées comme protégées pour préserver les écosystèmes locaux.
  • Biodiversité : La région abrite une riche biodiversité, tant terrestre que marine. Des efforts sont faits pour protéger les espèces menacées et promouvoir la coexistence harmonieuse avec la nature.
  • Équipements communautaires : Il existe plusieurs équipements destinés à la communauté, tels que des centres culturels, des espaces éducatifs et des installations sportives, tous conçus avec une approche durable.
  • Agriculture durable : La T'Sou-ke Nation promeut l'agriculture biologique, l'aquaculture et la culture de plantes médicinales traditionnelles. Les méthodes agricoles sont conçues pour être en harmonie avec la nature, sans utilisation de pesticides ou d'herbicides nocifs.
Ce rapport met en évidence les efforts remarquables de la T'Sou-ke Nation pour créer un écovillage qui non seulement respecte l'environnement, mais aussi préserve et promeut les traditions culturelles de la communauté.

 

Langouët en Bretagne : Un écovillage Pionnier dans la Planification Urbaine Locale (PLU, France)

Dès l'adoption de son Plan Local d'Urbanisme, Langouët, ce petit village breton, s'est lancé dans une ambitieuse quête pour devenir un écovillage exemplaire. Cette initiative a embrassé une vision holistique de la durabilité, englobant tout, de l'habitat à l'alimentation. Parmi les réalisations notables de Langouët figurent la construction de bâtiments passifs, l'inauguration d'une cantine bio, et l'établissement d'une zone agricole protégée dédiée à l'agriculture biologique. Nichée en Ille-et-Vilaine, en Bretagne, Langouët est une commune de 603 âmes qui, depuis plus de vingt ans, s'investit résolument dans une démarche écologique. Cette petite communauté s'est donnée pour mission de minimiser son impact environnemental, témoignant d'un engagement profond envers la préservation de notre planète.

Objectifs de développement urbain durable et Résultats en matière de développement durable 

Écologie Sociale : Depuis 20 ans, la commune travaille à rendre l'écologie sociale une réalité. Économie Circulaire : L'ambition est de réduire l'empreinte écologique grâce à une politique d'urbanisme basée sur l'économie circulaire. Échanges d'expériences : Langouët est un membre actif de "Bruded", un réseau d'échanges d'expériences en urbanisme durable qui comprend 160 collectivités de la région.
Alimentation : La cantine de la commune est 100% bio et locale depuis 2004. Énergie : La commune produit plus d'électricité solaire qu'elle n'en consomme pour ses bâtiments publics, qui sont chauffés au bois. Logement : La commune a réalisé son premier "éco-hameau" en 2005 et le second en 2015. Ces maisons sont conçues pour être bénéfiques pour l'environnement, utilisant des matériaux capteurs de carbone et 100% récupérables. Biodiversité et Environnement : Les nouvelles maisons sont conçues pour être démontables et leurs matériaux réutilisables. L'objectif est de privilégier les matériaux locaux, biosourcés ou de réemploi.

Entre 2005 et 2011, Langouët a édifié deux hameaux de maisons en bois peu énergivores et dotés de panneaux solaires. Le dernier projet en date : la construction d’un nouvel hameau de maisons « triple zéro » (zéro énergie, zéro carbone et zéro déchet).

Mobilité : Un véhicule électrique est mis à disposition en autopartage pour réduire l'empreinte carbone des déplacements des habitants. Agriculture Durable : Un projet est en cours pour créer une ferme en permaculture visant l'autonomie maraîchère. Protection de l'environnement et du patrimoine bâti : Langouët a refusé le désherbage chimique dès 1999. En matière de logement, la commune a évolué d'une démarche de développement durable vers des bâtiments bénéfiques pour l'environnement. Les prochains "éco-hameaux" devraient dépasser la réglementation thermique de 2020. Dynamisme associatif : Plusieurs associations participent activement à la vie de la commune, notamment "La Cambuse", un café associatif, "Chamotte et Compote" qui favorise l'autonomie alimentaire, et "Lann Coat", une association culturelle. Risques et pollution : La commune s'efforce de réduire les risques et la pollution en favorisant les énergies renouvelables, en évitant les produits chimiques pour l'entretien des espaces verts et en promouvant la construction écologique. Traitement des déchets : Langouët a mis en place une politique de gestion des déchets visant à réduire leur impact sur l'environnement. En conclusion, Langouët est un exemple remarquable d'une commune rurale qui a adopté une approche proactive en matière de développement durable, en mettant en œuvre des initiatives innovantes dans divers domaines, de l'alimentation à l'énergie, en passant par le logement et la mobilité.

Mbackombel : Un Modèle d'Écovillage Innovant dans le Département de Mbour, Sénégal

Le village de Mbackombel, composé de 487 habitants, porte un nom qui signifie “ Le fruit du Baobab est doux” en langue locale Sérère.
Il est situé dans le département de Mbour au Sud du Sénégal.

En son centre, un majestueux baobab centenaire abrite de son ombre les palabres des anciens et les jeux des enfants. La communauté fait partie des 10 localités principales du projet pilote de développement du modèle d’écovillage qui a démarré en 2010. Le périmètre écologique est irrigué grâce à une borne-fontaine connectée à un forage avec une pompe solaire, financée par le secteur privé. L’augmentation du rendement agricole et l’encadrement des femmes pour développer le maraîchage a permis une alimentation plus riche et plus saine.

Les légumes et les fruits sont disponibles toute l’année. Les races de bétail et de volailles ont pu être également améliorées. Les récoltes ont augmenté grâce à l’utilisation du compost, aux semences améliorées et à l’apprentissage de nouvelles techniques. C’est l’activité du périmètre écologique qui a le plus vite avancé, car il permet aux gens d’avoir des revenus rapides. À l’avenir le souhait est d’étendre l’approvisionnement en énergie solaire et multiplier les services d’accès à l’eau. Au-delà de la dimension environnementale, le projet stimule le dynamisme associatif et l’emploi local avec la création de structures économiques de base. Un groupement d’intérêt économique regroupe 60 femmes du village. Une boulangerie a été créée avec des fours fonctionnant au biogaz. Le projet a été accompagné de près par un agent technique des eaux et forêts, qui a vécu au cœur de l’écovillage pour accompagner les populations vers le changement.

En conclusion, le projet d'écovillages au Sénégal n'a pas été conçu comme une initiative de planification urbaine classique. Son objectif principal était d'améliorer l'environnement local, de découvrir de nouvelles sources de revenus et, surtout, de parvenir à une autonomie complète dans divers domaines tels que l'alimentation, l'énergie et l'eau.

Des aspects clés de l'urbanisme durable tels que l'urbanisation des villages, la qualité de vie dans les logements, la préservation du patrimoine architectural et la mobilité n'ont pas été les points focaux de ce projet. Néanmoins, cette expérience a mis en avant plusieurs atouts significatifs, notamment la création d'activités génératrices de revenus (AGR), la plantation de forêts, l'instauration d'une agriculture écologique, ainsi que l'implication active de la communauté locale dans le processus. Les écovillages du Sénégal sont situés dans la muraille verte qui vise à lutter contre la désertification et les effets du changement climatique. L’objectif principal de ce projet partenarial est de renforcer la résilience des populations en protégeant et restaurant les écosystèmes.

Carte avec le tracé de la grande muraille verte



pour aller plus loin : 

 
Sur les écovillages : 
Sur la cité d'Aurore ville en Inde 
50 ans après sa fondation Aurore ville 
Le projet d'une ville utopiqueAurore ville 
Sur l'écovillage de Findhorn en Ecosse 



Sur la permaculture 

 


L'élevage autrement 



sur la vie des agriculteurs 







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