Agriculture Urbaine : Nourrir les Villes, Entre Utopie et Réalité

De quelle manière les habitants se nourrissent, d’où vient la nourriture, où a-t-elle été produite, comment est-elle transportée ?  
La parenthèse inédite de la Covid 19 que nous venons de vivre à l’échelle mondiale (trois milliards d’habitants !) a fait remonter la vulnérabilité de nos systèmes alimentaires et les inégalités territoriales d’accès à l’alimentation et en particulier à une alimentation de qualité. Le principe de proximité (la ville des courtes distances) doit être appliqué, notamment et en priorité, à l'agriculture.  
En effet, si l’on veut travailler sur la qualité, il faut accompagner et revaloriser le métier de maraicher en préemptant des terres, en réorientant leurs productions en fonction des besoins, et en incitant le passage à la permaculture. C’est une solution pour à la fois soutenir une agriculture locale et permettre aux gens de mieux manger. Il faut prioritairement reconnecter le producteur au consommateur. Autour de chaque ville, il faut multiplier les petites fermes et donc protéger les terres agricoles. Il faut aussi organiser des groupements d’achat, la distribution de panier, et des emplacements de vente sur les marchés, des moyens de distribution qui permettent au consommateur de redevenir acteur de sa consommation.   
De plus, une agriculture active parait en revanche être un atout indéniable pour contenir l’urbanisation et protéger les espaces des constructions illégales.  

L'abeille charpentière qui est en train de butiner est synonyme de biodiversité

Le concept de « villes vertes » prend une signification particulière dans les pays en développement à faible revenu avec des dimensions sociales et économiques considérablement différentes. Là, les principes centraux des villes plus vertes peuvent guider le développement urbain qui garantit la sécurité alimentaire accompagné d'un travail décent. 
A ce sujet, l’agriculture urbaine occupe une place importante dans l’économie des pays en voie de développement. À Dakar (Sénégal), elle assure 70 % de la demande en légumes ainsi que la création de milliers d’emplois directs et indirects. Malgré ce rôle économique et social très important, l’agriculture urbaine à Dakar est toutefois confrontée à deux problèmes majeurs : l’insécurité foncière et l’accès à l’eau.  
Autres exemples, au Vietnam, plus de 50 % de la population cultive des parcelles en périphérie des villes, même chose en Russie où les périphéries des villes sont entourées d’une mosaïque de jardins de 600 m². Dans ces deux cas, il s’agit d’autoconsommation non commercialisable. Concernant la Russie, ces collectifs de jardins ont joué un rôle de résilience très important lors de l’effondrement du bloc soviétique, puisqu’un tiers de la production alimentaire russe est issu de ces jardins de particuliers. Cela montre ainsi le rôle d’une certaine forme d’agriculture urbaine.
La permaculture est une gestion innovante et intelligente de tous les espaces de nature. Elle favorise la biodiversité dans les villes. Elle doit aussi être appliquée dans l’agriculture urbaine pour fournir aux citadins une alimentation saine. De plus, elle permet de former les habitants à une agriculture de proximité et de les éduquer à la saisonnalité des aliments.

Atelier de l'association le toit en vert à Casablanca



L’agriculture urbaine à Cuba

L’exemple de Cuba est particulièrement intéressant. Ce petit pays d’Amérique centrale a fait l’expérience de la pénurie totale suite à la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique. Avant cela, l’agriculture était destinée à une consommation familiale; le pays importait quasiment la totalité de ses besoins.  
La crise économique qui s’ensuivit va entrainer la population à se lancer dans la culture de fruits et légumes. Des milliers de petits jardins se créent spontanément, sur de petits lopins de terre, entre les maisons et sur les terrasses. 
L’Etat accompagnera ce mouvement populaire en distribuant des terres à ceux qui désiraient développer une agriculture de proximité. Nourrir la population est devenu une question de sécurité alimentaire. 
Sans pétrole, on revient à la traction animale. Sans engrais chimique et pesticide, on redécouvre le compost et la permaculture. 
Ainsi , Cuba développe une agriculture post-industrielle et prouve que l’agriculture urbaine peut nourrir les citadins. Aujourd’hui, Cuba produit 70% de sa consommation de fruits et légumes. Si demain, les importations devaient s’interrompre, les habitants seraient beaucoup plus résilients que dans les autres villes du monde. De plus, le pays a une faible empreinte écologique.  
 
Cuba l'agriculture Urbaine

 

pour aller plus loin 

Le pacte de Milan

C’est dans la foulée de l’Exposition Universelle de Milan, organisée en 2015, qui avait pour thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie », que la ville-hôte a souhaité promouvoir les bonnes pratiques alimentaires et inciter d’autres villes à s’engager à faire de même par la signature du Pacte de Politique Alimentaire. Depuis, une centaine de villes à travers le monde l’ont signé de manière volontaire, s’engageant ainsi à développer les actions locales autour de six axes prioritaires :

  • La gouvernance alimentaire locale
  • La promotion d'une alimentation durable et d'une bonne nutrition
  • Assurer l’équité sociale et économique
  • Appuyer la production alimentaire (liens rural-urbain)
  • Agir en matière d’approvisionnement et de distribution alimentaires
  • Prévenir le gaspillage alimentaire

Un projet pilote à Tiznit 

un potager municipal pour l'école 

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