Transformer un quartier existant en espace de coexistence multifonctionnel, exemple : le quartier Unité 4 à Marrakech

Il est à rappeler que l'urbanisme durable met en avant l’urbanité, la citoyenneté et la qualité de vie. Chaque quartier devrait favoriser la mixité sociale et fonctionnelle, pour une meilleure cohésion sociale. Pour la ville durable, le quartier est l'unité de base.
Son échelle intermédiaire présente les dimensions adéquates pour répondre aux objectifs de la durabilité dans chacune de ses composantes. D'autant plus, que le quartier développe le sentiment d'appartenance de la communauté, ce qui contribue à la mise en place du processus effectif de participation. Le concept d'écoquartier part de la conception de la ville comme d'un ensemble de centres à la fois interconnectés et très autonomes, et suppose l'idée du renouvellement durable de chaque quartier comme cadre de l'action fondamentale et globale pour la ville. Chaque ville, chaque quartier doivent réinventer des solutions qui leur sont propres, afin d’atteindre un équilibre au niveau de leur écosystème. Il n’existe pas un seul modèle d’écocité ou d’écoquartier.

Cependant, en travaillant sur le quartier Unité 4 de Marrakech (étude réalisée par les BET ARAU et TYC), nous avons retenu comme solution pour sa transformation en écoquartier "un mix" entre l'unité de voisinage, le super-îlot et le tissu médinal : l'espace de coexistence multifonctionnel. Ce nouveau modèle d'écoquartier est une approche systémique qui peut être facilement appliquée à n'importe quels quartiers d'habitat dit "économique". 

Présentation du quartier Unité 4

Le quartier Unité 4 est situé à Daoudiate dans l'arrondissement de Guéliz à Marrakech. Il a été construit à la fin des années soixante-dix sur le modèle des unités de voisinage pour dédensifier l'ancienne médina. Il a la particularité d'être un quartier construit sur le modèle de la médina avec une hiérarchisation affirmée entre les voies carrossables et piétonnes. Sa superficie est de 37 ha. Daoudiate est composée de plusieurs unités de voisinage adjacentes, faiblement connectées entre elles, séparées par de grandes voies de circulation et des équipements structurants. La morphologie dominante est celle des logements monofamiliaux mitoyens, groupés en petits îlots. La hauteur des bâtiments varie entre R+1 et R+2. On trouve des immeubles en R+3, à l'intersection de l'avenue Hay Mohammadi et du boulevard Allal Al Fassi, dans le quartier Maniss Laayoune. La densité est d'environ 115 logements et 430 habitants par hectare et la population du quartier, avoisine les 16.000 habitants pour 4.200 logements. 
Du point de vue de la mobilité, ce quartier est adjacent au boulevard Allal Al Fassi, l’un des principaux axes nord-sud de la ville et est bien desservi par les transports en commun. L'axe thématique de la Nature est très préoccupant. En effet, la connectivité entre les espaces verts est très insuffisante avec un total d'espaces verts de 13.630 m² soit 0, 85m² par habitant, dont 7.570 m2 de parcs publics (0.47 m² par habitant) et le reste des jardins qui se trouvent à l’intérieur des équipements. Les alignements d'arbres sont très irréguliers.  


Proposition pour faciliter la transition du quartier Unité 4 en écoquartier.

La restructuration de l'espace public en 6 îlots intérieurs a permis la consolidation d'une plate-forme unitaire de l'espace public. Ainsi la rue devient  un espace multifonctionnel, ou une rue de coexistence qui permet la requalification environnementale du quartier, la création de lieux à usage sociaux, d'équipements de proximité, d'aires de jeux, d'espaces paysagers et de zones de stationnement des véhicules.
Cette approche écosystémique est la pierre angulaire de la nouvelle phase de développement urbain. Elle vise à favoriser la mobilité douce et à réduire le bruit et la pollution de l’air. L’espace public devient alors support d’usages sociaux : places, aires de jeux, loisir et repos avec des aires ombragées (bancs, zone wifi, poubelles …), activités sportives (organisation de course à pied, terrain de volley, panier de hand-ball), activités culturelles (théâtre en plein air).
Aménagement d'un terrain de sport dans un îlot.

Les espaces plantés comprendront des arbres d’alignement avec des revêtements drainants , des aménagements avec des bancs et un éclairage adapté. La pérennité, la solidité et la durabilité des matériaux devront être étudiées pour répondre au souci de développement durable et éviter un entretien constant et onéreux de la part de la municipalité.
En outre, ces aménagements seront conçus afin de permettre une circulation des voitures à faible vitesse. Les arbres, les bancs, les candélabres seront situés de telle façon que la voiture ne pourra que rouler lentement, à moins de 10 km/h, permettant ainsi aux enfants de jouer dans la rue en toute sécurité. D'ailleurs, l’îlot est conçu pour que les piétons les plus vulnérables, comme les enfants et les personnes à mobilité réduite, soient en sécurité. La partie circulable de la voie sera rétrécie par endroit avec à peine 2 mètres pour le passage des véhicules.
Insertion d'espace vert dans la rue de coexistence

Les parkings seront situés sur des revêtements drainants et ombragés par des arbres ou des pergolas végétalisées à inter distance régulière. Les parkings seront éclairés, gardés et équipés par des bornes d’eau récupérée et réutilisée pour le lavage des voitures. D'autres équipements pratiques peuvent être envisagés sur ces aires de parking pour inciter les riverains à y stationner leurs véhicules plutôt que de les garer un peu partout dans le quartier. Des propositions sont faites pour favoriser la végétalisation des façades en les intégrant à fur et à mesure dans cette nouvelle approche urbanistique. Pour entraîner et encourager les habitants dans ce processus, il est nécessaire que les administrations publiques procèdent en premier lieu, à la végétalisation des façades et toitures des bâtiments administratifs. 

En conclusion : 

Grâce à la mise en oeuvre des principes de l'espace de coexistence,  l'écoquartier bénéficie d'une activité au centre du quartier renforcée, de nouveaux espaces verts de proximité, et d'équipements sociaux de quartier (bibliothèque, garderie, salle d'études, terrains de sport). 
La mobilité est améliorée. Cette nouvelle organisation évite les conflits entre la voiture et le piéton sur la base du modèle de "supermanzana".
D'autres mesures d'accompagnement permettront d'améliorer la qualité de vie des habitants : horaire pour les livraisons, construction de parkings couverts, pistes cyclables et stationnement pour les vélos, station de taxis, utilisation des NTIC pour améliorer l'information sur les transports en commun et sur les taxis,  des programmes de modernisation des commerces et de réhabilitation durable des logements, l'amélioration de l'éclairage public, et enfin la récupération des eaux pluviales pour l'arrosage des espaces verts. Il est à noter que dans cette proposition de transformation urbaine la superficie d’espaces publics et verts par habitant s'est grandement améliorée passant de 0,83 m² à 6,76 m².
Aménagement du centre du quartier


L’écoquartier offre un cadre de vie viable, responsable, accessible à tous, sécurisé, favorisant les actions locales de solidarité. Ainsi, l’espace de coexistence redéfinit le rôle des espaces publics comme lieux d'urbanité et de cohésion sociale.




pour aller plus loin 






Commentaires