ESPACES DE NATURE POUR L'ECOCITE DE DAKHLA

Entre désert et mer, la nature en ville revêt ici une dimension particulière. D'une part, il est nécessaire de redéfinir le "vert" urbain, d'autre part, l'urbanisation doit tenir compte de ce site naturel exceptionnel. 
Entre désert et mer, la baie de Dakhla est un spot international de Kitesurf. 


Contexte

La ville de Dakhla est située sur une étroite péninsule qui délimite une baie exceptionnelle d'environ 400 km². Elle se trouve à l'extrême sud du Maroc à 1500 km de la capitale Rabat. La région est limitée au Sud par la Mauritanie. Cette position stratégique en fait l’unique ville de la région Dakhla Oued Eddahab qui a pour ambition de devenir une plateforme d'échange entre le Maroc et les pays d'Afrique subsaharienne. C’est une « ville-région », ce qui constitue une contrainte forte sur son développement. Elle doit être une ville exemplaire, plus particulièrement en matière de durabilité. 

D'autant plus que la baie est un site d'hivernage et de reproduction remarquable pour de nombreuses espèces d'oiseaux et pour une faune marine particulièrement riche et que l'extension de la ville est un facteur de menace pour la résilience du site. 

La ville se développe sur un territoire de 2,5 km sur 12 km à peu près au centre de la péninsule. Sa topographie très faible et son climat tempéré sont des conditions idéales pour la mobilité douce. Son altitude de 5 m au-dessus du niveau de l'océan la protège des fortes houles et de la montée des eaux que risque d'engendrer le réchauffement climatique. Ses ressources hydriques sont essentiellement constituées de nappes fossiles souterraines et non renouvelables.
 
Actuellement, la ville présente un ratio d'espaces verts d'environ 2 m² par habitant en considérant une population de 106.277 habitants (R.G.P.H. 2014).

Jardin existant devant l'église.

Planifier la trame verte

Bien plus que de simplement améliorer ce ratio, la planification urbaine durable doit organiser un réseau hiérarchique, multiéchelle et multifonctionnel d'espaces de nature en développant la relation entre l'espace urbain et les éléments géographiques pertinents. 

Le réseau de voirie principale, les chemins de ville et la trame verte contribuent à l'organisation structurelle du modèle urbain. Ils constituent un système en continuité articulée où chaque élément interagit avec les autres. Ils se renforcent mutuellement pour créer le paysage urbain intégrant la ville dans son environnement naturel et son biotope. Ils multiplient les occasions de complexité et de diversité recherchées par la ville durable. 

L'une des principales fonctions de la trame verte est d'assurer la connectivité écologique et territoriale. Tous les espaces libres doivent être considérés comme un réseau environnemental et devraient constituer l'épine dorsale de la ville. Ce sont des espaces choisis soit en raison de valeurs environnementales à préserver, soit en raison de leur capacité à conférer articulation et continuité dans le système du réseau de la nature en ville. 

Comment aborder les espaces de Nature dans une ville du désert ?

Dakhla se situe dans un espace géographique marqué par un climat aride, influencé par sa situation sur l'océan, humide la nuit et très venteux. Il est très peu propice aux plantations. De cette situation naît une dichotomie au niveau des aménagements et de la gestion proposés pour les espaces de nature. D'une part, des espaces VERTS, aménagés et entretenus comme des oasis, arrosés par l'eau épurée ( capacité de 10 m³ par jour),  d'autre part des espaces de DÉSERT en continuité avec le biotope environnemental existant.  

DAKHLA, à la fois UNE OASIS et UN DÉSERT


Une ville durable est complexe et diversifiée. C'est pour cette raison essentielle qu'il est nécessaire d'introduire une grande diversité d'espaces de NATURE. 
Les espaces de nature doivent répondre à des besoins fonctionnels identifiables. Parmi ceux-ci, les espaces verts favorisent les relations humaines tandis que les espaces naturels, plus proches du biotope initial, jouent un rôle d'équilibre de la biodiversité. Cet équilibre de l'écosystème urbain apporte des effets bénéfiques de bien-être social, psychologique et de confort thermique. L’ensemble des espaces naturels renforce les paysages urbains en relation avec l'environnement naturel. 
                              

DIVERSITÉ D'ESPACES DE NATURE EN VILLE 

Chaque équipement, chaque espace répond à plusieurs besoins fonctionnels. 
En premier lieu, il faut distinguer les espaces verts qui répondent aux besoins sociaux de la population, en particulier les espaces verts de proximité et les parcs urbains. La planification de ces espaces est basée sur les distances à pied : 250 m pour les espaces verts de proximité de 500 à 1000 m², 2 km pour les parcs urbains de plus de 10 ha. 
À l'échelle du quartier, les espaces verts de proximité connaissent une utilisation intensive et quotidienne tandis que les parcs publics doivent permettre les activités sportives, promenades et détentes. Trois parcs urbains (parc régional, parc Atlantique et Parc de la lagune) ont été prévus par le plan de développement pour l'écocité de Dakhla. Ces parcs deviendront des centralités au niveau de la ville renforçant ainsi la ville polycentrique. Ils auront également un rôle dans la sensibilisation à la biodiversité.  

Exemple de parc urbain en milieu désertique

Viennent ensuite les parcs linéaires qui ont une triple fonction (1) rétablir la connexion entre la lagune et la côte Atlantique (2) permettre la circulation piétonne entre chaque quartier (3) servir de zone tampon entre le zonage résidentiel et les fonctions productives de la ville. Les parcs linéaires peuvent être assurés par un double alignement d'arbres et des arbustes le long des voies principales ou par une continuité d'espaces verts sur l'espace de coexistence. Avec une largeur supérieure à 5 mètres, ils peuvent jouer le rôle supplémentaire de connexion biologique. 

 PROMENADE URBAINE : LA CORNICHE DE LA LAGUNE

Plus qu'un parc linéaire, la promenade urbaine est un espace public social, de rencontre et de mobilité douce. La façade sur la lagune de Dakhla possède un grand potentiel paysager qui lui permettrait de devenir l'espace public principal de la ville. Dans le projet d'écocité, cet espace est aménagé sur 12 km de long et est doté de différents équipements structurants (théâtre de plein air, université, parc de la lagune, musée, plage accessible, quai), autant de nouveaux centres qui viendront animer cette promenade. De plus, ce projet de promenade urbaine s’intègre dans un programme de renouvellement urbain plus global de la corniche touchant le résidentiel, les équipements de commerce et de tourisme.

La Corniche sur la baie sera confirmée dans sa place d’espace public principal de la ville de Dakhla permettant la mobilité douce du nord vers le sud. 

LES ESPACES NATURELS DE BIODIVERSITÉ AVEC DES ÉQUIPEMENTS DÉDIÉS

Enfin, pour renforcer la biodiversité en ville, des coulées vertes ou corridors biologiques ont été prévus et chaque parc comportera des espaces non accessibles au public et sera aménagé en fonction du biotope du désert. 

Arizona Sonora Desert Museum, USA. 

Le parc régional, situé au centre de la ville, au niveau de la servitude aérienne d'une superficie de 60 ha, sera planté uniquement de plantes adaptées au climat aride. Un arboretum mettra en valeur les plantes du désert (ou des déserts). Le musée du biotope sera un équipement de sensibilisation par excellence. De son côté, le parc de la lagune adjacent de la future université, comprendra le centre d'observation de l'environnement. Tandis que le parc de l'Atlantique abritera un jardin d'essai. Ce dernier permettra d'expérimenter l'adaptation des plantes au milieu aride et ainsi de proposer des nouvelles solutions pour la végétalisation de la ville. 
 
Plan du réseau d'espaces de Nature qui offre un ratio de 14 m²/habitants. (BET TYC et ARAU)

 

D'AUTRES ACTIONS POUR RENFORCER LE VERT URBAIN 

Les espaces de nature ont également des fonctions bioclimatiques qui atténuent l’îlot de chaleur, améliorent le confort thermique et réduisent la violence des vents. Dans ce sens, il est important de privilégier le vert urbain dans toute la ville à travers divers petits aménagements: 
  • de petits espaces verts d'ornement et de paysage urbain, 
  • des alignements d'arbres sur toutes les rues principales, 
  • des espaces de coexistence avec 20% d'espaces verts de proximité, 
  • des façades et toitures végétales, 
  • des parkings plantés et avec des revêtements perméables,  
  • la végétalisation des pieds de façades exposées, 
  • la création d’oasis de fraîcheur et de ruelles vertes. 
Le "verdissement" d'au moins 25% de la superficie de la ville mesurée par l'indice de perméabilité optimise les effets bénéfiques de la végétation urbaine. Des recommandations concernant l'albédo des matériaux doivent venir compléter cette nouvelle réglementation. Le plan de développement durable pour la ville encourage la création de « comités de ruelle » regroupant les riverains propriétaires pour la réalisation de projets de ruelles vertes arrosées avec les eaux grises. Dans le même ordre d'idée, et pour maintenir la qualité de vie du quartier, les déplacements doux, le partage de la rue et les transports apaisés sont favorisés par des venelles, des cheminements, de larges trottoirs et des pistes cyclables qui relient l'accès aux équipements, aux logements et aux transports en commun.
Afin de compléter ce plan, des recommandations sont également faites pour encourager les circuits courts, à partir des cultures sous serres existantes à la périphérie de la ville qui devraient avoir pour objectif principal l'approvisionnement en fruits et légumes de la ville afin d'améliorer sa résilience. 
Une écocité est une ville complexe et diversifiée. L’idée même de ville doit être refondée comme un système ouvert qui collabore avec sa géographie, s’appuie sur les milieux naturels aménagés ou cultivés, s’y glisse ou la porte. Les débats, les savoirs et les actes concernant la ville et la nature ne peuvent plus s’opposer ou s’ignorer, mais doivent au contraire se rejoindre et se croiser dans une approche résolument transversale. La ville durable doit être planifiée comme un écosystème.   


piste cyclable le long d'un parc linéaire


Pour aller plus loin 

Pour mieux connaitre la ville de Daklhla : 


 


 



Commentaires

  1. Oui au tourisme et au développement , mais bien contrôlé et que la population en profite , ne refaite pas les mêmes erreurs qui ont été faites en france au non de la finance . Cordialement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour votre commentaire et d'être conscient des dangers pour l'avenir de la ville de Dakhla

      Supprimer

Enregistrer un commentaire